Chanon & Cie
![affiche cycles H. Chanon & Cie et pneu Gallus. Femme artiste sur une bicyclette à doubles barres.](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-affiche-1895.jpg)
Henri Chanon & Cie
Usines 5, rue de l'Ouest, à Neuilly (Porte Maillot)
Bureaux 22, rue Duret, Paris (XVIe)
Magasins de vente 44, Boulevard Haussmann
En 1892, Henri Chanon (*Etampes 29 février 1860), ancien contre-maître dans "une grande manufacture de cycles" (Clément), fonda à Paris la société au capital de 3.000 francs H. Chanon & Cie pour fabriquer des vélocipèdes. La durée de la société était d'abord limitée à six ans. La marque se gagnait vite une réputation excellente pour la qualité de ses vélos. Au Salon de 1894, le cadre Chanon à doubles barres parallèles, lequel est à l'origine de la rigidité reconnue des cadres de la marque et qui sera vite copié par la concurrence, "fait fureur" selon la presse. — Soit dit en passant que grâce à la "barre Chanon", Henri Chanon deviendra le grand-père du cadre à réservoir entre-tubes de nos motocyclettes.
On remarquait aussi au Salon la tête de fourche brasée, le pédalier étroit, le pignon détachable et les gros moyeux des vélos Chanon.
![publicité pour le tandem Chanon et la bicyclette à doubles barres, 1896](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-1896-cadre-bicyclette-a-deux-barres-et-tandem.jpg)
![Un tandem Chanon pour enfants, 1894, présenté par les frères Marie](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-les-freres-Marie-sur-tandem-pour-enfants-1894.jpg)
Les frères Marie sur un tandem Chanon pour enfants en 1894
Pas moins a-t-on admiré au Salon "un ravissant petit tandem", qui pesait 10 kg, pour enfants de 8 à 10 ans. Outre les vélos et tandems, Chanon fabriquait aussi des tri-porteurs et des tricycles (sans moteur) à cadre Humber (17 kg).
![Paul Chanon et Imbault, concessionnaire des cycles Chanon à Etampes. Publicité de 1902](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-Paul-et-%20Imbault-Etampes-1902.jpg)
La société en nom collectif Chanon et Imbault, fondée en 1898, était agence des cycles Chanon à Etampes.
![1899, tandem Chanon. Mlle Darghyle](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-tandem-1899-Mlle-Darghyle.jpg)
Mlle. Germaine Darghyle (à droite) et une inconnue avec un tandem Chanon
lors de la fête sportive de l'Écho de Paris au Bois de Bologne en 1899
![Chanon, cycles, tricycles, automobiles. Publicité 1902](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Chanon-publicite-1902.jpg)
Automobiles et Cycles Chanon
(Ancienne Société H. Chanon et Cie)
22, rue Duret, Paris (XVIe)
Le 22 avril 1905, Chanon vend l'entreprise à Henri Eugène Gaubert (19 mai 1873 – 12 janvier 1960), marchand d'abord de peintures, ensuite de cycles, qui, à son tour, la transfère un an plus tard, le 1er mai 1906, à MM. W. F. Heydt et Louis Gaubert. La raison sociale devient maintenant "Automobiles et Cycles Chanon pour la fabrication de cycles, tri-porteurs et automobiles, ainsi que la réparation d'automobiles de toutes marques".
Pendant que M. Heydt ne semble pas avoir laissé des traces dans l'histoire, il en va autrement pour Julien Louis Gaubert (6 juin 1879 – 10 avril 1959), le frère cadet d'Henri. Il débute en tant que coureur cycliste et devient champion d'Algérie amateurs et professionnels sur 50 km. Il est aussi l'un des premiers adeptes au tricycle à pétrole, puis motocycliste et enfin automobiliste. Fin metteur au point, il collabore avec le constructeur d'automobiles Brasier et prend part à plusieurs épreuves au volant des voitures Brasier. Fin 1909, il découvre sa véritable vocation, l'aviation naissante, et devient par la suite l'un des pionniers de l'aviation française. (Lien vers une biographie de Louis Gaubert).
![Portrait de Julien-Louis Gaubert](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Gaubert-Louis-aviateur.jpg)
C'était probablement son intérêt renforcé pour l'aviation qui a mis un terme à la marque Chanon au plus tard en 1909.
Motocyclette et tricars Chanon
On ne sait que très peu de la production motocycliste de Chanon. Une moto Chanon à moteur Villemain participa au Critérium du Tiers de Litre en 1905 et au meeting de Dourdan en octobre de la même année; le pilote était Alfred Villemain, le fils du motoriste de Chanon et aussi de Contal. (Voir aussi l'annexe sur le motoriste Villemain en bas du chapitre avec une photo d'Alfred Villemain sur la moto Chanon).
Seul survivant connu de ce modèle est cette Chanon photographiée lors du Horse Power Run le 17 avril 2016 à Veenhuizen (NL).
De plus, on connaît une motocyclette à cadre Chanon et moteur Monarque. À voir sur le blog de Jean Bourdache, Zhumoristenouveau.
De plus, on connaît une motocyclette à cadre Chanon et moteur Monarque. À voir sur le blog de Jean Bourdache, Zhumoristenouveau.
![la motocyclette Chanon, photo moderne prise lors du Horsepower Run](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/moto-Chanon.jpg)
![la motocyclette Chanon sans l'avant-train. Détail d'une photo de Barrio sur Chanon 1905](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1905-tricar-Chanon-detail-cadre-de-la-moto.jpg)
De la motocyclette Chanon, on connaît aussi une photo de Jules Beau, laquelle n'a peut-être pas reçu l'attention qu'elle mérite dans ce contexte, parce que la moto est munie d'un avant-train amovible. Par chance, l'image montre le côté droit de l'appareil. Comme on voit, le cadre et le réservoir sont conformes à ceux de la moto conservée; le carter droit du moteur est marqué Villemain Puteaux.
![le moteur Villemain refroidi à air](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1905-tricar-et-moto-Chanon-moteur-refroidi-a-air.jpg)
Le moteur refroidi par l'air est le monocylindre classique généralisé par de Dion-Bouton. Le carter en aluminium s'ouvre dans le plan de joint vertical ; le cylindre borgne avec boîte à soupapes est vissé par quatre écrous sur le carter. La cylindrée est de 330,801 cm³ (74 x 77 mm, tiers de litre), la puissance est de 2 HP ¾. Le moteur est muni d'un lève-soupape du type Bowden. Le carburateur du tricar est un Longuemare série B pour motocyclettes (la moto à droite semble être munie d'un Longuemare série E à papillon et sortie de gaz en haut). La transmission se fait par courroie ; il n'y a ni embrayage ni boîte de vitesses.
![Barrio sur le tricar Chanon lors du concours des tricars en septembre 1905](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1905-Concours-de-Tricars-Barrio-sur-Chanon.jpg)
Ernest Joseph Félix Barrio (1879 —1953) sur tricar Chanon. En 1907, Barrio était concessionnaire Werner, 174 bd Pereire, Paris.
Voici la photo entière, sur laquelle le pilote Ernest Barrio pose sur un tricar Chanon le 10 septembre 1905 lors du Concours des Tricars organisé par le journal L'Auto. On distingue les deux tubes en V qui relient l'avant-train à l'attache du tube oblique du cadre, à laquelle est boulonné aussi le carter moteur. Deux autres tubes, dont l'un est courbe et fixé sur l'essieu, relient l'avant train à la partie supérieure du tube oblique, entre la "barre Chanon" et le tube de direction, qui, lui, est un tube de direction de moto. L'avant-train à essieu brisé est suspendu par deux ressorts à pincettes.
Naturellement, cette moto à avant-train, de laquelle la cylindrée est de 330 cm³ seulement, ne pouvait pas concurrencer les véritables tricars à moteur 4 HP et boîte de vitesses des autres participants. Barrio se classa 12e et l'autre tricar Chanon engagé, 13e. Apparemment, le nouveau tricar (modèle 1906, ci-dessous)) n'était pas encore prêt pour le Concours. Mais un mois plus tard, le 9 octobre 1905, Gaubert pilote le nouveau tricar Chanon (ci-dessous) au Mille et le Kilomètre à Dourdan et remporte le mille arrêté et le kilomètre lancé. Il s'agit d'un tricar à deux places en avant qui gagna sa classe par manque de concurrents.
![Gaubert sur tricar Chanon à Dourdan 1905](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Gaubert-sur-tricar-Chanon-Dourdan-1905.jpg)
![tricar Chanon, modèle 1905](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/tricar-Chanon-1905.jpg)
Le tricar Chanon muni de pneus Michelin, 1er de sa catégorie à Dourdan
Le nouveau tricar Chanon présenté au Salon de l'Automobile 1905 est un tricar à part entière dont l'avant-train n'est plus amovible. Il est muni d'un moteur Villemain 4 HP de 432 cm³ (alésage par course 80 x 86 mm) refroidi à l'eau. L'architecture du moteur reste la même, à la différence que le cylindre borgne et la boîte à soupapes sont entourés d'une chemise d'eau. Le carter droit est également marqué Villemain Puteaux. Le moteur est muni d'un lève-soupape du type Bowden.
![le moteur Villemain refroidi à l'eau](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Villemain-moteur-refroidi-a-eau.jpg)
![Le moyeu Rivierre, dessin](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/moyeu-Rivierre-1906.jpg)
Le cadre en tube d'acier est renforcé par la "fameuse barre horizontale, qu'il (Chanon) créa pour les bicyclettes et qui eut tant de succès" (L'Auto). Le cadre du tricar Chanon se distingue par une colonne de direction inclinée de celui du mototri Contal type A (1905/6), qui est également muni d'une barre horizontale inférieure. L'avant-train est suspendu par deux ressorts droits qui sont montés sur l'essieu.
![Tour de France 1906: Eugène-Benoît Villemain au guidon d'un tricar Chanon](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/tricar-Chanon-Tour-de-France-1906.jpg)
Benoît-Eugène Villemain sur tricar Chanon lors du Tour de France 1906 (22 mai – 3 juin 1906). Le passager est peut-être son père, Eugène Villemain. Ce tricar, qui ne sera finalement pas piloté par Villemain, mais par le pilote Chartier, a dû abandonner.
Les trois tricars que nous venons de voir sont les seuls tricars Chanon connus avec certitude. Néanmoins, on attribue à ce constructeur aussi le tricar de course piloté par Gaston Rivierre que l'on voit sur la photo de presse ci-contre.
Les raisons qui nous mènent à penser qu'il s'agit en réalité d'un tricar Contal sont exposées dans une annexe au chapitre "Contal" - cliquez ici.
![Rivierre sur Contal, course de côte de Gaillon 1905](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Rivierre-sur-mototri-Contal-Gaillon-octobre-1905-small.jpg)
Annexe : Le motoriste Villemain
Eugène Villemain
Moteurs pour motocyclettes
35, rue Arago, à Puteaux
35, rue Arago, à Puteaux
Avant de s'installer à Paris, Eugène Villemain exerçait le metier de tourneur sur métaux à Montceau-les-Mines (Saône et Loire), où il est né le 31 décembre 1855 comme fils de Benoît Villemain et de Marie-Louise Baudoin. Villemain a été marié deux fois, d'abord avec Clélie Michaud (1857 – 21 janvier 1905), ensuite avec Victorine Valitrand. Deux enfants sont nés du premier mariage, Benoît-Eugène Villemain (Montceau-les-Mines 14 juillet 1878 – 8 mai 1959 Versailles) et Alfred Pierre Villemain (Montceau-les-Mines 12 janvier 1882 – 3 août 1907 Pompignac). Eugène Villemain est décédé à l'hôpital Saint-Jacques de Paris le 9 mai 1914.
![les frères Villemain au Critérium du Tiers de litre en septembre 1905 avec une moto Chanon](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1905-Villemain-freres-moto-Chanon.jpg)
La photo ci-contre représente Alfred Villemain sur une moto Chanon à la ligne de départ du Critérium du Tiers de Litre (19 — 21 septembre 1905). L'homme à son côté est sans doute son frère Benoît-Eugène (voir la photo complète).
![1906, Alfred Villemain sur une voiture Clément-Bayard](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1906-6-23-Alfred-Villemain-sur-Clement-Bayard.jpg)
Villemain sur voiture Clément-Bayard
Alfred Pierre Villemain était un coureur automobile assez reconnu qui commençait sa carrière de pilote de voitures chez Darracq. Ensuite, il était attaché à Clément-Bayard et à Martin & Lethimonnier.
![Alfred Villemain sur une voiture Martin et Lethimonnier lors de la coupe de l'Empéreur, 1907](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Alfred-Villemain-sur-voiture-Lethimonnier-1907-Coupe-de-l-Empereur.jpg)
Le 3 août 1907, Alfred Villemain perdit tragiquement la vie dans un accident survenu lors du Critérium de France et Coupe de la Presse (2 – 6 août 1907) près de Pompignac, à 12 km de Bordeaux. Sa voiture, qu'il ne pilotait pas quand l'accident s'est produit, était une Martin-Lethimonnier (ci-dessous).
![La voiture Martin et Lethimonnier accidentée près de Pompignac, 1907](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Villemain-1907-voiture-Martin-et-Lethimonnier-apres-l-accident.jpg)
![extrait de l'acte de décès d'Alfred Villemain, 1907](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1907-12-Villemain-Alfred-Pierre-acte-de-deces-imagette.jpg)
![Alfred Villemain lors de la course de côte de Gaillon en 1899 sur un mototricycle](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1899-course-de-cote-de-Gaillon-Alfred-Villemain.jpg)
Nous ne savons pas quand la famille Villemain s'est installée à Paris. On entend le nom Villemain pour la première fois à l'occasion de la Course de Côte de Gaillon en 1899, où "Villemain, un inconnu", remporta trois victoires, dont une "sur un tricycle pourvu d'un moteur italien tout nouveau" (Le Sport Universel Illustré) dans la catégorie motocycles sans chaînes (sans chaîne vélo, le coureur ne pouvait aider le moteur en pédalant).
Il est impossible que le jeune homme ci-contre, qui paraît avoir environ vingt ans, soit Eugène Villemain, âgé de 44 ans et ayant deux fils de 18 et de 21 ans en 1899. En raison de la nette ressemblence entre les portraits ci-dessous, il paraît évident que la photo prise à Gaillon ne représente pas non plus Benoît-Eugène, mais le tout jeune Alfred Villemain au début de sa carrière de coureur. Outre la ressemblance entre les portraits, c'est Alfred qui était apparemment meilleur coureur et qui, pour accéder au volant d'une voiture de course, commençait à se faire un nom.
![Alfred Villemain](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Alfred-Villemain-portraits-1899-et-1906.jpg)
Alfred Villemain en 1899 et en 1906 (voir la photo à droite entièrement)
![Les frères Villemain](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Benoit-Villemain.jpg)
En ce qui concerne l'activité d'Eugène Villemain en tant que constructeur, on sait qu'une moto Villemain participa sans succès au Critérium du Tiers de Litre 1904. Elle servait peut-être comme banc d'essai pour le moteur que Villemain avait construit et qui l'année suivante propulsait la moto Chanon (voir plus haut, chapitre Chanon).
À partir de 1905, Villemain livre aussi des moteurs de 4 HP refroidis à eau à Chanon et à Contal. Ce dernier utilise néanmoins une version modifiée du moteur Villemain d'origine, puisqu'il équipe le carter moteur d'un logement pour l'arbre d'un pignon réducteur entraîné dès l'arbre moteur. Il semble que Contal ait vite fabriqué lui-même le moteur Villemain, car le nom de celui-ci n'apparaît plus sur le carter des moteurs Contal à partir de 1906/1907.
![moteur du mototri Contal, moteur Villemain](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Contal-moteur-du-mototri.jpg)
Le moteur Villemain modifié par Contal. La flèche signale l'extension du carter hébergeant l'arbre du pignon réducteur et ses coussinets ou roulements. Le carter couvrant l'engrenage du réducteur n'est pas venu de fonte avec le carter moteur.
Le 24 novembre 1906, Villemain s'associe à un certain Effertz et la raison sociale devient Villemain et Effertz, Construction mécanique, 35, rue Arago, à Puteaux. Il semble pourtant que les deux hommes aient conclu un contrat privé (sous seings privés), puisque aucune société Villemain et Effertz n'est inscrite dans les Archives commerciales de la France.![Villemain et Etiertz, formation en 1906](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1906-11-formation-Villemain-Etiertz.jpg)
Après la mort du père en 1914, c'est Benoît Eugène Villemain qui continue l'activité. L'association avec Effertz n'était pas de longue durée, car Villemain est seul quand il fait faillite le 19 octobre 1922. La raison sociale à ce moment était "Villemain, fabricant de pièces détachées pour automobiles, 35, rue Arago, à Puteaux".
![Villemain, déclaration de faillite 1922](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/1922-Villemain-faillite.jpg)
![faillite de Benoît-Eugène Villemain, 1922](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/Villemain-Benoit-Eugene-faillite-1922.jpg)
![](https://img.webme.com/pic/l/lestricars/ArtNouvOrn%20(9).jpg)
Chapitre créé le 8 décembre 2018 — Annexe "Villemain" ajoutée le 12 février 2019