Au Coin du Tricar

Austral


plaque de cadre avec logo de la marque Austral
Étant donné que le lecteur trouvera (presque) tout sur la marque et ses tricars sur notre site Austral, il suffit ici de faire un tour d'horizon de l'épopée des tricars Austral.
 
La société fut fondée le 4 août 1904 à Paris par l'ingénieur Édouard Cheilus qui s'associait au constructeur-mécanicien Albert Jean pour fabriquer le mototricycle inventé par celui-ci. Durant 1904, la société Cheilus & Cie développe un nouveau modèle, le futur type A, qui sera présenté au Salon de l'Automobile 1904 (ci-dessous). Il s'agit d'un tricar à avant-train fixe et direction à fusée. L'essieu avant est suspendu par deux ressorts à lames. Le moteur est un Aster de 3 ou 4 HP (80 x 90 mm) refroidi à l'eau et muni d'un simple embrayage à cône. Le réservoir d'eau est placé entre la colonne de direction et le siège du passager. Le radiateur en serpentin se trouve sous le châssis. Le carburateur est déjà le Vaurs "automatique" qui équipera tous les tricars Austral. La transmission se fait par courroie. Deux freins à enroulement agissent sur un tambour placé de chaque côté de la roue arrière. Comme tous les futurs modèles Austral, le type A peut être transformé en triporteur en échangeant le siège pour passager contre une caisse.
 
Austral tricar type A, deux vues
 
Le 25 fevrier 1905, la société Éd. Cheilus est dissoute et au printemps de la même année est fondée la Société Anonyme de Constructions Mécaniques L'Austral au capital de 300 000 francs. Édouard Cheilus devient administrateur directeur, et Albert Jean est nommé directeur technique de la société. L'ancien atelier d'Albert Jean, sis au 5, Place Pigalle, qui était jusqu'ici le siège de la marque, est donné en bail à la société G. Beslé et L. Chevalier qui devient concessionnaire de la marque. Par la suite, l'Austral déménage à de nouvelles installations au 8, rue du Débarcadère, à Paris (XVIIe).  
 
Au printemps 1905, le type A sera épaulé par le type B, qui se différencie du type A par l'adjonction d'un changement de vitesse épicycloïdal à deux vitesses de marque Bozier. Ce changement équipera, accouplé à un moteur Aster ou Austral, presque tous les futurs modèles de la marque. En outre, les freins à enroulement ont laissé leur place à deux freins à lames plus modernes et d'un diamètre plus important. La transmission est encore à courroie.
 
Austral tricar type B, deux vues
 
Courant 1905, le type B est doté d'une transmission à chaîne et devient le type B série 1. Un nouveau radiateur à nid d'abeilles formant corps avec le réservoir (réservoir-radiateur) est placé devant la colonne de direction. 
 
Austral tricar type B, série 1 et série 2
 
Mais durant l'année 1905, on travaille déjà sur la nouvelle et dernière évolution du type B, le type B série 2, qui sera homologué en février 1906. Les modifications portent sur un nouveau châssis allongé et plus rigide, parce qu'il forme une seule pièce. Le tube de selle est maintenant vertical au lieu d'être incliné.
 
Austral, tricar à cardan, dessin
 
Au Salon de l'Automobile 1905, Austral présente un tricar tout à fait insolite qui rompt avec la conception traditionnelle des tricars de la marque. Il s'agit encore d'un tricar classique en ce qui concerne la présence d'un châssis-cadre, mais ce n'est plus le châssis mono-poutre avec ou sans longerons latéraux qui termine en un avant-train. Ce tricar possède un châssis de voiturette, pleinement développé dans le plan horizontal. Il est composé de deux rectangles en tube d'acier, desquels le rectangle intérieur forme un sous-châssis portant la mécanique, qui quant à elle est assez insolite. Pour la première fois, Austral présente un moteur maison, de 3 ½ et 4 ½ HP, qui en plus est refroidi par l'air. La boîte de vitesses est à pignons baladeurs et la transmission se fait par arbre, comme sur une voiturette. Également typique d'une voiturette est le fait que le moteur est renfermé dans un capot. Afin d'assurer le refroidissement, le constructeur a prévu un ventilateur, entraîné par courroie dès le moteur. Les longs leviers de commande du frein de secours et du changement de vitesse, placés au côté droit du conducteur, sont aussi empruntés aux voiturettes. Malheureusement, ce "tricar à cardan" ne fut probablement jamais produit en série.
 
À partir de septembre 1905, la marque se distingue aussi en compétition et s'avère presque imbattable pendant toute l'année 1906. Le sommet est le Tour de France automobile en juin 1906, où les trois tricars Austral engagés occupent les trois premières places.
 
 Schweitzer sur tricar Austral, vainqueur du Tour de France 1906
Tour de France automobile 1906 : le futur vainqueur, Thomas Schweitzer sur Austral, lors du départ à la Porte Maillot. 
 
Pour le millésime 1907, Austral présente pour la dernière fois deux nouveaux tricars, sur lesquelles le moteur Aster a été remplacé par un moteur Austral de 4 ½ HP (84 x 90 mm) refroidi à eau. Dorénavant, seul le type B série 2 est muni d'un Aster.
 
Austral tricar type H, deux vues

L'une desdites nouveautés est le type H série 1, un tricar classique à cadre de moto, dont la colonne de direction est verticale. La raison en est le radiateur qui a quitté sa place habituelle entre la colonne de direction et le baquet du passager et qui se trouve maintenant derrière la colonne de direction. Le changement Bozier est placé au côté droit et entraîne la chaîne via un pignon réducteur. La présence de celui-ci et la colonne de direction verticale montrent peut-être l'influence du mototri Contal.
 
 Austral tricar type G, deux vues
 
Le deuxième modèle, le type G série 1, est une véritable tri-voiturette luxueuse, à l'instar des tri-voiturettes anglaises (Arielette, Rexette, Riley, Humber, etc). Pour la première fois, Austral emploie un châssis en tôle d'acier emboutie, plus robuste qu'un châssis tubulaire, sans être pourtant trop lourd. Le cadre de moto fut abandonné en faveur d'une "carrosserie" qui cache le moteur Austral. Ce dernier se trouve sous le baquet du conducteur et entraîne une pompe à eau qui assure le refroidissement. La simple direction "à sonnette" fut remplacée par une direction démultipliée au moyen d'une vis sans fin, actionnée par un volant. Une nouveauté est la suspension intégrale du véhicule. L'essieu avant est toujours suspendu par deux ressorts à lames de voiturette, mais la roue arrière est maintenant suspendue au moyen de deux demi-ressorts à lames inversées ("Cantilever") reliés à une fourche oscillante.
 
À partir de 1907, l'Austral est sous la gestion d'Habert & Cie, sis 29, avenue de la Grande Armée (Paris). La fabrication de tricars continuera jusqu'en 1913, mais la marque se tourne dès 1908 vers la construction de vélos et de motocyclettes.
 



 
 

 
  Chapitre créé le 26 novembre 2018
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