Stimula
Selon la devise des humanistes ad fontes!, nous renvoyons le lecteur aux sources de l'état actuel des connaissances sur la marque Stimula en tant que fabricant des motos et tricars. D'une importance particulière est l'article de Michel Pernot — Bernard Salvat — Bernard de La Chapelle — Roger Fauchonet, dans Motocyclettiste Nº 83/84, 2000, p. 27 — 34. Dans cet article, l'histoire de la marque est basée sur les informations fournies par un membre de la famille de La Chapelle, Bernard (1923—2018) et, en ce qui concerne Alphonse Saclier, sur les maigres souvenirs de son fils Armand (1905—1991). Nous allons emprunter ici le chemin inverse en reconstruisant l'histoire à partir des documents officiels.
Mes remerciements sincères vont aussi à Claude Rigo, le propriétaire actuel du Moulin neuf, qui m’a montré les bâtiments et qui m’a expliqué le fonctionnement de l’ancien moulin.
Première Étape:
Les Ateliers de la Grosne, par Cormatin (Saône et Loire)
Histoire
L'histoire de la marque Stimula remonte à 1900, année où les frères Guy et Carl de La Chapelle, qui agissaient surtout comme financiers et gérants de l'entreprise, commençaient à fabriquer des motocyclettes dans les Ateliers de la Grosne près de Cormatin (Saône et Loire). L'homme qui apportait les idées techniques était le mécanicien et contremaître de chez Stimula, Alphonse Saclier, l'auteur des brevets connus qui ont été exploités par l'entreprise. Saclier avait demandé en 1900 un brevet pour une "bicyclette à pétrole" (Nº 306.170, non retrouvé). Cette bicyclette à pétrole était probablement l'ancêtre de l'Autobicyclette Stimula présentée au Salon de 1902. Il semble que la marque Stimula ne fût déposée que peu avant le Salon de 1902, car dans le dessin de la moto de 1902 (voir plus loin), le logo "Stimula" manque encore sur le réservoir et le moteur est marqué "Ateliers de la Grôsne par Cormatin", le nom sous lequel l'entreprise était apparemment connue au début.
Plan de la région, sur les images en médaillon l'ancien Moulin Neuf (en 1817)
et le château d'Uxelles (Chapaize), propriété de la famille de La Chapelle.
Le château d’Uxelles aujourd’hui. L’edifice actuel fut construit en 1835 par le fils d’Hippolyte, Charles-Henri,
dans la cour de l'ancien château médiéval démoli à cette fin.
Les fondateurs de Stimula sont le vicomte (à partir de 1920) Guy William Gabriel Charles de La Chapelle d'Uxelles, né le 23 janvier 1877 à Saint-Chamond (Loire) et mort le 7 mai 1958 à Mont Saint Aignan (Seine Maritime) ainsi que le baron Louis Léonel Charles - dit Carl - de La Chapelle d'Uxelles, né le 28 août 1878 à Pradines (Loire) et mort le 21 octobre 1929. – Nous ne savons pas d'où provient l'orthographie allemande "Karl" du surnom de Louis Léonel Charles (Motocyclettiste 83/84, p. 27. 28). Dans les journaux, on trouve seulement l'orthographie "Carl" et c'est aussi la forme du prénom que la famille fit graver sur sa tombe.
Deux autres frères, Joseph Vital de La Chapelle (*7/2/1881 Pradines, + 3/9/1973 Champagny) et Joseph Gustave Gonzague de La Chapelle (*4/3/1886 Saint-Chamond, +6/10/1941 Blois), n'avaient aucun rapport connu avec les ateliers de la Grosne, pas plus que la sœur Edith Marie Hélène (1893—1925).
Leurs parents étaient le vicomte Charles Hippolyte de La Chapelle d'Uxelles (*23 janvier 1846 +24 octobre 1920), fils du vicomte Charles-Henri et de Gabrielle Françoise de Clavière, et son épouse Marguerite Hippolyte Neyrand (*5 décembre 1854 +25 octobre 1904).
La famille Neyrand était une famille de maîtres de forges à Saint-Chamond (Loire). Apparentés à des familles nobles et d'industriels influents, notamment la famille Thiollière, les Neyrand étaient associés de la Compagnie des hauts-fourneaux, forges et aciéries de la Marine et des chemins de fer (ci-dessous).
Saint-Chamond, usines de la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de fer.
À l’origine de la passion des frères de La Chapelle pour la mécanique était la voiturette Mors 5 CV que leur père Charles Hippolyte avait achetée en 1897 (ci-dessous).
Charles Hippolyte de La Chapelle au volant de sa Mors.
La voiture Mors à 4 places et moteur 4 cylindres. Poids : environ 500 kg ; longueur totale : 2,35 m ; largeur totale: 1,44 m ; charge maximum : 250 kg ; vitesse : 21 km/h ; prix (remise comprise) : 4500 F.
Le troisième personnage décisif pour la marque Stimula était Jean Baptiste Alphonse Saclier, né le 11 juin 1876 à Bourgneuf, un hameau dépendant de La Chapelle-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire). Ses parents étaient le facteur rural Jean-Baptiste Saclier et sa femme Anne-Josephine Gey. Alphonse a grandi à Verdun-sur-le-Doubs, où il apprit le métier d'horloger. Il s'intéressait apparemment aussi aux vélos, car il obtint le brevet de vélocipédiste pendant son service militaire. Nous ne savons pas où et quand Saclier faisait la connaissance des frères de la Chapelle. L'affirmation que la rencontre entre eux est survenue lors du service militaire des frères à Chalon-sur-Saône (Motocyclettiste 83/84 p. 27) se heurte à la difficulté que Saclier, qui habitait Verdun-sur-le Doubs, fut recruté à Auxonne (Côte d'Or) et l'acte de recrutement ne mentionne pas un stationnement à Chalon-sur-Saône.
Le 25 juin 1902, Saclier épousa à Chapaize Alice Marie Françoise Lamain, née là le 19 décembre 1878.
Parmi les témoins se trouvent les frères Guy et Carl de La Chapelle; leur père, le vicomte Charles Hippolyte de La Chapelle d'Uxelles, maire de Chapaize, fonctionnait comme officier de l'état civil qui célébrait le mariage.
L'acte de mariage nous apprend aussi que Saclier était maintenant contremaître mécanicien de profession et habitait Malay, un village situé très près des Ateliers de la Grosne. À Malay est né le 8 mars 1905 son fils Armand Édouard (+1991).
Nous connaissons quatre brevets d'Alphonse Saclier :
1. brevet nº 306.170, Bicyclette à pétrole, 1900, (non retrouvé),
2. brevet nº 327.235, Frein à contre-pédalage spécial pour bicyclette à moteur, 12 déc. 1902,
3. brevet nº 348.317, Fourche à ressort pour motocyclettes. 30 nov. 1904,
4. brevet nº 348.906, Suspension arrière à ressort pour motocyclettes, 9. déc. 1904.
Le Moulin Neuf avec les bâtiments des "Ateliers de la Grosne" en 1900
La photo ci-dessous montre l'ensemble des bâtiments du Moulin neuf, vu de l'arrière, avec au premier plan l'atelier de montage des motos Stimula et les vingt ouvriers environ de l'usine ainsi que le bief qui conduit l'eau de la Grosne en dessous du bâtiment principal de l'ancien moulin et qui fournissait une force hydraulique de 12 CV maximum avec les deux vannes ouvertes.
Détail avec les motos.
À la même occasion et par le même photographe fut prise la photo montrant l'intérieur de l'usine et l'équipe Stimula avec les motos assemblées. Hormis les deux Autobicyclettes 1904 avec tube horizontal inférieur courbé et fourche haubanée, on voit à droite au premier plan un modèle 1905 à tube horizontal inférieur droit et moteur vertical. On remarquera l'absence du nouveau tricar 3 HP modèle 1905. Les photos furent prises probablement en automne 1904 (l'arbre à droite sur la photo plus haut a encore des feuilles), car l'exemplaire le plus ancien que nous connaissons de la carte postale plus haut a circulé le 7 février 1905. Il est tentant de reconnaître en l'homme assis sur la table de travail à gauche Alphonse Saclier qui était de haute taille pour l'époque (1,70 m) et qui avait un nez particulièrement grand, selon l'acte de recrutement.
L'ancienne usine de la Grosne prise de l'autre côté. La date de la photo est inconnue.
Le Moulin Neuf aujourd'hui (2022).
L’autre côté de l’ancien moulin.
L'Autobicyclette Stimula modèle 1903 au Salon 1902. Le moteur 2 HP de 254,22 cm³ (68 x 70 mm) est toujours soutenu par un berceau qui épouse la forme du carter et qui le maintient légèrement penché. L'Autobicyclette se caracterise par le tube horizontal inférieur du cadre qui n'est plus droit, mais courbé et par le réservoir qui suit la courbe. La batterie est désormais placée dans un compartiment du réservoir d’huile et d’essence et la bobine est fixée maintenant au tube de selle. L'Autobicyclette est déjà équipée du frein à contre-pédalage breveté par Saclier. Un frein à étrier agit sur la jante de la roue avant.
L'Autobicyclette, modèle 1903. Tirage d'une plaque de verre, ci-dessous, et reproduction dans la presse contemporaine.
Modèle 1903
Fin 1903, Stimula est également au Salon et la presse souligne le frein à contre-pedalage (déjà présent sur le modèle précédent), le carburateur Stimula à réglage d'air automatique et surtout la suspension élastique (nous en parlerons plus loin en relation avec les tricars et leurs "motos de base"). Les moteurs de 2 ou 3 HP tournent à une vitesse de 1400 — 1500 tours/min.
Ci-contre, le carburateur Stimula-Saclier.
Stimula, modèle 1904
Le moteur est le 3 HP à culbuteur mentionné plus loin.
Une fillette sur une Autobicyclette Stimula, modèle 1904 avec moteur 3 HP à culbuteur sur l'admission.
L'Autobicyclette Stimula 1904 en version pour dames.
Publicité Stimula 1905 (artiste George Paulme)
Lucien Octave Vandelet est né le 23 avril 1872 à Paris et mort le 24 septembre 1951 à Tours. Son père Alexandre Louis Joseph Vandelet, né le 13 mai 1844, était marchand de bois. Il mourut le 25 octobre 1883 sur le paquebot de messagerie l'Oxus de retour de Pnom-Penh. Après la mort de la mère Marie Madeleine Louise Charlotte Larcher (1839—1896), Lucien devient pendant deux ans le tuteur de son frère mineur Maurice Alexandre (15 novembre 1880—1955) qui s'inscrira volontairement au militaire à l'âge de 18 ans. D'un autre frère, Achille, né en 1867, on ne sait rien de plus.
Selon l'acte de recrutement de 1892, Lucien était mécanicien de profession. Le 24 décembre 1898, il se marie avec Marie Josephine Pasquet. Le couple exploitait d'abord un hôtel situé au 1, rue Bougainville et 14, rue Chevert (maison d'angle). Vandelet l'avait acheté le 15 juillet 1897, et il le vendait en mars 1900 afin de reprendre l'affaire de MM. Brandon, Jayr et Parent, Cycles et automobiles, 20, bd du Montparnasse (l'adresse où Vandelet habitait dès 1898). Il vend des motocyclettes Werner et quadricycles de Dion-Bouton.
Courant 1904, le magasin est transfert dans des locaux plus spacieux au 3, bd du Montparnasse, probablement à cause du fait que Vandelet devient cette année concessionnaire et “l’actif directeur pour Paris de la grande marque de motocyclette Stimula” (Le Journal de l’automobile, du cyclisme et de tous les sports,15.12.1904).
La contribution de Vandelet à l'essor que prit Stimula à partir de 1904 ne devrait pas être sous-estimée. Un reflet de son influence est le fait que dans la publicité et dans la presse apparaît maintenant le nom Stimula-Vandelet dont l'usage fut sans doute approuvé ou au moins toléré par les frères de La Chapelle. Et le fait qu'il y avait maintenant assez de publicité destinée à faire la marque connue auprès du grand public était sans doute aussi l'œuvre de Vandelet.
Nous pensons en outre que Vandelet est le véritable créateur des tricars Stimula, tandis que les ateliers de la Grosne fabriquaient uniquement les motocyclettes que Vandelet équipait ensuite dans son atelier soit avec un simple avant-train, soit avec un châssis-tricar.
Dans cette direction indique non seulement le fait que sur les photos de l'usine Stimula n'apparaissent que des motos (voir plus haut). L'annonce ci-contre démontre que celui qui cherche des fournisseurs de carrosseries pour tricar est Vandelet à Paris, et non pas l'usine de Cormatin. La transformation des motos venues par train de Cormatin en tricars dans l'atelier de Vandelet explique en outre le fait que la marque n'a jamais fait de "vrais" tricars.
Ce n'est pas par hasard que Stimula n'a engagé ses motos en compétition qu'en même temps que Vandelet devient concessionnaire à Paris. En tant que tel, il a certainement recruté les pilotes, préparé les machines, etc.
Le pilote Lepetit pose avec son Autobicyclette modèle 1904 lors du Concours d'endurance pour motocyclettes de tourisme, 1200 km, Paris-Bordeaux-Paris, le 22 avril 1904. Le réservoir d'huile plus grand est monté en arrière, sous le siège, ce qui donnait la possibilité d'augmenter la capacité du réservoir d'essence. La photo a été prise au point du départ à Saint-Mandé (près du bois de Vincennes), sur la place de la Tourelle devant le magasin "Agence cycliste" de M. Demaria (ci-contre, la maison à droite. Agrandir la photo). Lepetit se situa au milieu du classement général.
Paul Méline avec sa motocyclette Stimula lors du Critérium du tiers de litre, 4—11 octobre 1904. Moteur Stimula, alésage x course 75 x 75 mm, à soupape d'admission automatique. Carburateur Longuemare, pneus Dunlop. Méline fut classé 3ème.
Lepetit sur la Stimula modèle 1905 à cadre ouvert au Concours d'Endurance de l'Autocycle Club de France (Tour de France), 6—14 mai 1905. Moteur Stimula, alésage x course 72 x 80 mm, soit 325 cm³, carburateur Stimula, pneus Dunlop.
Platel sur sa motocyclette Stimula lors de la même course. Le moteur est identique à celui de la moto de Lepetit, ci-dessus. Les deux Stimula se situaient au milieu du classement.
Dancart participe sur Stimula au Critérium du tiers de litre, 19—21 septembre 1905. La photo a été prise le 20 septembre lors du départ de la quatrième série. Dancart porte son écharpe rose. Il ne s'est pas qualifié pour la finale. On remarquera que la moto est équipée du démultiplicateur Stimula qui est fixé sur le tube oblique du cadre et qui permet l'utilisation d'une poulie de petit diamètre.
En novembre 1905, la presse annonce que Vandelet s'est associé aux frères de La Chapelle. L'association est apparemment liée au transfert de la production de motos et tricars à Puteaux, annoncé en même temps. La production recommence en 1906 dans de nouvelles usines sises 11, rue Bellini, "pourvues d'un outillage perfectionné" (de Graffigny) et avec de nouveaux modèles qui furent néanmoins développés encore à Cormatin. En ce qui concerne Alphonse Saclier, lui aussi déménage à Puteaux où il habite 69, bd Walace à partir du 9 mars 1906 jusqu'en décembre 1908 (acte de recrutement).
L'association entre les frères de La Chapelle et Vandelet est de courte durée. En juin 1906, on apprend par des communiqués et par la publicité que les frères de La Chapelle sont désormais seuls propriétaires de leurs usines et du magasin de vente au 3, bd du Montparnasse à Paris. Stimula restera à Puteaux jusqu'en 1907, mais il n'y a plus de nouveaux modèles de motos et de tricars, car les frères de La Chapelle quittent Paris début 1907 et se tournent vers la construction des voitures à St-Chamond.
Le “passage éclair” de la marque par Puteaux, d’une durée d’un peu plus d’un an (fin 1905 – début 1907), ne change rien au fait que Stimula n’est jamais devenue une "marque de la Seine".
Quant à Alphonse Saclier, il restait apparemment fidèle aux frères de La Chapelle et se rend aussi à Saint-Chamond, où il habite à partir du 22 décembre 1908 au 24, rue de la République. Mais il suivra bientôt son propre chemin. Le 24 juin 1910, il achète l'ancienne maison Henri Trapet à Chalon-sur-Saône, 10, place de Beaune. Le vendeur et successeur de Trapet, Jean Gillot (dit Paul) lui vend les fonds de commerce de marchand de bicyclettes en détail, comprenant la clientèle, les objets mobiliers, le matériel, etc. Saclier et sa famille vivent dans la même maison nº 10. Jusqu'aux années 1920, Saclier y vend des cycles Pastor, Terrot et De Dion-Bouton ainsi que des machines à coudre Néva. Il était aussi agent des cycles et Autocyclettes Clément et de Clédiaber (marque appartenant à Gladiator), puis des motos Ultima et Motosacoche.
Chalon-sur-Saône, la place de Beaune. À droite la maison nº 10 avec le magasin d'Alphonse Saclier.
De toute évidence, Saclier a aussi construit dans les années vingt ou trente des machines-outils comme des affûteuses ou des tours. Un bel exemplaire d'une aiguiseuse a été conservé à Chapaize et appartient à la famille de La Chapelle.
Aiguiseuse A. Saclier. L'image en médaillon montre l'écriture moulée qui se trouve sur le côté de la colonne.
Les tricars Stimula et leurs "motos de base"
Le tricar léger 3 HP (¼)
Le "petit" tricar 3 HP de la marque fut présenté au Salon 1904. Il est construit sur la base de la nouvelle motocyclette Stimula 3 HP 1905 dont la fourche a été remplacée par un avant-train indépendant qui est fixé sur la partie avant de la moto (direction et tube oblique du cadre). Le moteur est un monocylindre de 3 HP (72 x 80 mm, soit 325, 8 cm³) à soupape automatique.
La photo ci-dessus est la seule qui montre le tricar léger équipé du frein à rétropédalage breveté en décembre 1902 par Alphonse Saclier.
L'avantage du frein à contre-pédalage est qu'il laisse toujours libre l'usage des deux mains. Il agit par un patin sur la grande poulie d'entraînement fixée à la jante arrière. Il est tenu desserré par un fort ressort qui a le grand avantage de donner en marche un point d'appui aux pieds et de supprimer la fatigue que les jambes éprouvent du fait du va-et-vient des pédales. Ce frein est muni d'un système de déclenchement spécial permettant de faire reculer la machine. (Catalogue 1906).
Le brevet du rétropédalage explique le fonctionnement de manière plus détaillée que le catalogue.
Fig. I. A : pignon libre à galets ou cliqués qui est monté fou sur l'axe, entre ce dernier et la manivelle.
Le pignon A porte sur sa couronne un tenon C.
E : la tige sur laquelle est articulé à son extrémité le patin F avec sabot en fibres vulcanisées, en bois ou en matières caoutchoutées. Le ressort R tend à tenir le frein desserré. L'autre extrémité de la tige est vissée dans la pièce D qui est emmanchée sur le tenon C de manière articulée. G : guide-support de la tige.
Fig. II, coupe transversale. M : manivelle gauche du pédalier, clavetée sur son axe. A : pignon libre fou sur cet axe. Les autres lettres font référence au système d'encliquetage rendant le pignon fou solidaire ou non de la manivelle. Quand le pignon est solidaire de la manivelle, le frein est en état de fonctionner. En imprimant un mouvement de contre-pédalage, la manivelle entraînera avec elle le pignon fou A, dont la couronne est alors rendue fixe par le coincement des galets. Le tenon "C" poussera donc la tige contre la résistance du ressort "R" en serrant le patin "F"contre le fond de la jante "J". Pour palier le même effet de serrage, transmis par l'intermédiaire de la chaîne, qui se produit si l'on recule à bras la motocyclette, il y a un système de déclenchement que le conducteur doit actionner en tirant vers soi le bouton moleté "b" (fig. I) en lui faisant faire un quart de tour de gauche à droite.
Nous avons renoncé à présenter une description détaillée du fonctionnement du système d'encliquetage qui n'intéresse que le spécialiste. Pour en savoir plus, consultez le brevet intégral en cliquant sur le lien.
Le tricar léger fit son apparition en compétition lors du Concours des tricars qui se déroulait sur le parcours Saint-Germain-en Laye – Mantes le 10 septembre 1905.
Arthur Devaux sur tricar 3 HP Stimula lors du Concours de tricars
La moto et le tricar de série sont équipés d'un moteur à soupape d'admission automatique dont la combustion est plus "douce" que dans un moteur à soupapes commandées, ce qui rend la conduction plus agréable. Par contre, le moteur du tricar de compétition piloté par Arthur Devaux (ci-dessus et ci-dessous) est un monocylindre à soupapes latérales plus puissant que le moteur de série.
Les images ci-dessous montrent les deux moteurs côte à côte pour faciliter la comparaison. L'image au milieu avec le couvercle enlevé est issue du blog zhumoriste de Jean Bourdache. Sur le moteur à soupapes latérales, celles-ci sont commandées par deux pignons à cames qui sont entraînés par un pignon sur le vilebrequin. La soupape d'échappement est actionné par un linguet qui à son tour est soulevé par la came sur la face du pignon. La soupape d'admission est actionné directement par une came sur l'arrière du pignon, tandis que la came qu'on voit sur la face de ce pignon actionne l'allumeur indéréglable Stimula.
Sur le carter du moteur de série (ci-dessus, à droite), la came gauche d'échappement du moteur à soupapes latérales est supprimée et la came droite d'admission est devenue la came d'échappement. Comme le carter était à l'origine disposé à recevoir deux cames, et non une seule came au centre, la boîte à soupapes est légèrement décalé en avant pour aligner la soupape avec la came.
Le pignon de la came de l'admission actionne l'allumeur indéréglable Stimula, sur lequel le trembleur, qui donne un point d'allumage assez imprécis à cause de la vibration de la lame, est remplacé par une pièce oscillante. Cet allumeur est à contact, à la fois par pression et friction, et il travaille dans l'huile. Pour le réglage, il suffit de veiller à ce que les deux morceaux de platine soient éloignés l'un de l'autre de l'épaisseur d'une forte carte de visite, lorsque l'extrémité de la pièce oscillante n'est pas dans petite gorge de la came. L'allumeur Stimula s'adapte à tous les moteurs à un ou deux cylindres.
Le carburateur de fabrication Stimula se distingue par une prise d'air réglable. Sur le tricar à soupapes latérales, il est à flux transversal et monté très en avant. Un long tube droit le connecte à la culasse pour éviter qu'il interfère avec la bougie et le tube oblique du cadre. Le tricar de série et la moto sont équipés d'un carburateur Stimula à flux vertical monté derrière le cylindre. La transmission est toujours par courroie trapézoïdale.
L'avant-train amovible est le même qui apparaît dans le catalogue Stimula 1906. La direction est à essieu brisé; le siège du passager est suspendu par deux ressorts à pincettes qui furent encore employés sur quelques avant-trains légers pour tricar.
Le tricar léger 1906
La Stimula 2 HP ¾, allumage par accumulateurs, sans suspension arrière (ci-dessus)
et le mème modèle, mais avec suspension arrière et allumage par magnéto (ci-dessous)
Le tricar 5 HP
La "tricar voiturette" Stimula 5 – 6 HP
Malgré le fait que le "grand" tricar Stimula est encore un tricar à guidon et possède une selle de motocyclette, on le dénommait "tri-voiturette" ou "tricar voiturette", parce qu'il "tient plutôt de la petite voiturette que du motocycle … par son mécanisme perfectionné et son confortable" (H. de Graffigny 1907, d'après le catalogue Stimula 1906).
Selon notre propre terminologie, il s'agit d'un tricar "à châssis-tricar" qui possède un cadre tubulaire de motocyclette dans le plan vertical et un châssis tubulaire dans le plan horizontal.
Le cadre du tricar est celui de la moto Stimula 5 – 6 HP. Le tube oblique et le tube de selle sont faits en une pièce dont la partie inférieure est cintrée formant un berceau épousant le contour du carter moteur. Mais le tricar n'a plus de pédalier, car le démarrage du bicylindre se fait par manivelle.
Le châssis formant l'avant-train est réuni au cadre juste devant la fourche arrière par deux longerons latéraux qui donnent de la rigidité à l'ensemble. Deux forts montants boulonnés sur ces longerons et le tube de direction du cadre évitent l'inclinaison du cadre par rapport au châssis. Pour plus de rigidité – et au détriment du confort du chauffeur –, l'avant-train à essieu brisé n'est pas suspendu ; c'est seulement le siège du passager qui est suspendu au moyen de grands ressorts en C. En supplément (50 F) était disponible la suspension arrière Stimula dont nous parlerons plus loin dans le texte.
Contrairement à la plupart des tricars français, la "tri-voiturette" Stimula possède un moteur simplement refroidi par l'air de la marche. Ce système épargne beaucoup de poids en évitant à la fois la complication d'une circulation d'eau, avec les réservoirs, radiateurs et tuyauteries qu'elle nécessite. Pour résoudre le problème de surchauffe du moteur, on a choisi un bicylindre qui chauffe moins qu'un monocylindre à cylindrée égale, parce que les deux cylindres disposent plus ou moins d'un double nombre d'ailettes ainsi que d'un alésage inférieur par rapport à un monocylindre de la même puissance. Le moteur à soupapes d'admission automatiques et soupapes d'échappement commandées est le même qui a équipé la moto Stimula 5 – 6 HP (ci-dessus). Les deux cylindres sont disposés en V au-dessus d'un carter qui contient les volants et qui s'ouvre dans le plan de joint vertical. Les fûts des cylindres sont vissés directement par quatre écrous sur le carter, sans colonnes d'assemblage. La cylindrée est de 651, 44 cm³ (2 x 72 x 80 mm). L'allumage par batterie et bobine est commandé par l'allumeur indéréglable Stimula déjà décrit plus haut. En supplément (150 F) était disponible un allumage par magnéto. Le carburateur est de fabrication Stimula à prise d'air réglable automatiquement. Un régulateur empêche le moteur de s'emballer à vide ou pendant l'arrêt. De plus, il permet de réaliser une économie d'essence et procure une facilité de conduite appréciable.
Le tricar 5 — 6 HP 1906 (image du catalogue 1906)
Insolite est la transmission qui s'effectue en deux fois ; d'abord par une chaîne allant du moteur au changement de vitesse, ensuite par courroie de section trapézoïdale allant de la poulie de sortie du réducteur à la roue arrière. Le changement de vitesse, au lieu de faire corps avec le moteur, est monté devant le propulseur, boulonné sur le tube oblique du cadre et supporté par les deux longerons latéraux. Un palier avec coussinet ou roulement à billes monté sur le longeron gauche supporte son axe avec la poulie de sortie. Ce mécanisme combine une boîte à vitesses avec le démultiplicateur que la marque proposait en accessoire, adaptable à motocyclettes et tricars de toutes marques :
La version simple (Nº 2 du catalogue) sans débrayage n'est qu'un pignon réducteur similaire à ceux qui ont été employés p. ex. par Magali ou Contal, mais ici, la transmission finale est par courroie et non par chaîne, et le pignon réducteur est éloigné du moteur et fixé au cadre devant le moteur. D'après le catalogue Stimula, le rendement à la roue motrice augmente de 30 % grâce à ce démultiplicateur. Ce dernier permet en plus d'augmenter le diamètre de la poulie motrice pour éviter le patinage de la courroie et de réduire le diamètre et le poids de la poulie-jante de la roue arrière. Le démultiplicateur est monté sur des roulements à billes.
La deuxième version de ce démultiplicateur (Nº 3 du catalogue) possède un embrayage permettant la mise en marche de la machine sur place à la manivelle. L'embrayage / débrayage est commandé par un manchon pivotant à poignée de pelle qui ressemble à ce point au levier de la voiturette Bollé et qui commande à son tour une crémaillère.
Sur le tricar 5 – 6 HP, ce démultiplicateur est combiné avec un changement de vitesse à train baladeur similaire à celui d'une voiturette. L'image montrant le côté gauche du tricar donne une idée des dimensions de l'ensemble qui est beaucoup trop encombrant pour être monté sur l'axe du moteur. Ce réducteur offre deux rapports ; la grande vitesse, comme d'habitude, est en prise directe. Contrairement au démultiplicateur à débrayage (Nº 3), le manchon pivotant à poignée de pelle ne commande pas l'embrayage, mais le changement de vitesse. En le tournant à gauche, on obtient la petite vitesse, et à droite la grande. L'embrayage, selon le catalogue Stimula 1906, est un "embrayage à friction", c'est-à-dire, un embrayage à cône. Au débrayage, la poulie trapézoïdale n'est plus actionnée par le moteur. Cet embrayage à cône est commandé par une pédale qui, poussée à fond de course, fait aussi frein par un sabot qui s'applique dans la poulie de la jante arrière. Sur l'image du tricar issue du catalogue 1906 (plus haut) la pédale est manquante, aussi bien que les freins à tambour à l'avant mentionnés dans le catalogue et le frein sur la poulie de la jante arrière.
Le tricar 5 — 6 HP de présérie (Salon 1905)
Le tricar présenté au Salon 1905 était encore muni d'un embrayage plutôt typique des motocyclettes, où on débraye en relâchant la tension de la courroie de transmission. Selon H. de Graffigny (1907), le levier de vitesses fait "au moyen d'un excentrique disposé à l'extrémité arrière du cadre, d'avancer ou de reculer la roue arrière" pour permettre un débrayage partiel ou total. La photo ci-dessus montre le levier de vitesses et la barre de transmission articulée sur son extrémité inférieure qui transmet le mouvement du levier à l'excentrique.
Revenons brièvement à l'opinion citée plus haut, selon laquelle le tricar Stimula 5 – 6 HP "tient plutôt de la petite voiturette que du motocycle … par son mécanisme perfectionné et son confortable". L'analyse présentée ci-dessus indique plutôt dans une autre direction : avec ce tricar, la marque n'a même pas franchi vraiment le pas vers un véritable tricar à part entière et encore moins vers une tri-voiturette comme la Werner 6 HP qui date également de 1906. Ce n'est pas seulement évident par le fait qu'il s'agit encore d'une motocyclette, la Stimula 5 – 6 HP, qui a été équipée a posteriori d'un châssis-tricar démontable, sans que le cadre de la moto fût modifié (seul le pédalier fut supprimé et son œil dans le cadre sert à la fixation des longerons). Par contre, les véritables tricars du type à châssis-tricar utilisent un cadre de moto "adapté", qui est souvent allongé et modifié, par ex. par la suppression du tube oblique, et qui permet l'installation d'un système de refroidissement à l'eau (voir la rubrique "Typologie des tricars"). La renonciation à une réfrigération par eau tient également plus de la moto que du tricar, tout comme la transmission finale par courroie qui fut empruntée de la moto malgré la présence d'un embrayage à cône qui aurait permis l'implantation d'une chaîne. Même constat pour le changement de vitesse avec démultiplicateur qui est plutôt un accessoire installé a posteriori dans le châssis-cadre qu'un élément constituant de la mécanique. Sa position de montage en avant du moteur est motivée par l'utilisation du cadre de la moto au lieu d'un nouveau cadre plus long pour tricar laissant de l'espace pour le changement derrière le propulseur, plus près de la roue motrice. En ce qui concerne le confort, seule la version à suspension arrière est confortable aussi pour le conducteur, car le châssis n'a pas de suspension en avant (seul le baquet du passager est suspendu par de grands ressorts en C).
Les tricars Stimula en compétition
À partir de 1905, les tricars Stimula participent à toutes les épreuves importantes. Les pilotes sont Vandelet, Lepetit, Devaux et Penel.
Lucien Vandelet à Château-Thierry le 1er octobre 1905.
Le 1er octobre 1905 à Château-Thierry, Vandelet remporte la classe "touristes, tricars demi-litre", par manque de concurrents (Walk-over). Sur la photo ci-dessus, Vandelet et son passager posent pour le photographe dans une position courbée qui minimise au maximum la trainée (en réalité, le tricar est à l'arrêt: notez la petite pierre sous la roue gauche de l'avant-train.). À cette fin, on a enlevé le baquet et le passager est recroquevillé sur le plancher. Le cadre du tricar à simple berceau est celui de la moto 5 – 6 CV, mais le moteur est le petit bicylindre de 430 cm³ imposé par le règlement. L'avant-train sans longerons latéraux est également emprunté du tricar léger. Il s'agit sans doute d'un tricar 5 HP de course. Sur le tube oblique du cadre est fixé le démultiplicateur Stimula sans embrayage, mais le diamètre de la poulie réceptive est très grand, car ce tricar est préparé par une course de côte.
8 octobre 1905, Lucien Vandelet sur le tricar de 5 HP à Dourdan.
Le tricar est le même que sur la photo prise à Château-Thierry, mais équipé d'un autre guidon et d'un siège de passager très léger. Le diamètre de la poulie receptive est très faible, parce qu'il s'agit d'une course de vitesse.
Lepetit au guidon et Vandelet
La même situation, mais prise sous un angle différent. On voit clairement la fixation de l'avant train sur la partie avant du tricar 5 HP. On reconnaît aussi le démultiplicateur qui n'a pas de débrayage, car le levier à poignée de pelle est absent.
La suspension intégrale Stimula — Saclier
La fourche avant élastique pour motocyclettes
Par souci d'être complet, nous ajoutons ici la fourche suspendue Stimula disponible en option (50 F) et adaptable aussi aux motocyclettes de toutes marques. Le texte du catalogue explique très bien le fonctionnement et le réglage de la résistance de cette fourche dont les articulations sont en outre montées sur cônes, ce qui permet d'éliminer le moindre jeu latéral.
Afin que le lecteur puisse étudier la fourche plus en détail, nous présentons sous la rubrique "Brevets d'invention" le texte intégral du brevet Nº 348.317 demandé par Alphonse Saclier le 30 novembre 1904 et délivré le 4 février 1905.
Concernant la construction et le mode de fonction, la fourche élastique Stimula ressemble assez à la fourche élastique brevetée quatre ans plus tôt par Jules Michel Marie Truffault (*29/9/1845 à Tours, +3/10/1920 à Paris), inventeur entre autres aussi de la jante creuse.
Malheureusement, le brevet français Nº 28.956 de Truffault datant du 4 septembre 1900 est introuvable. Nous devons donc recourir à la version américaine, U. S. patent Nº 695.508 en date du 18 mars 1902. Le lecteur en trouve le texte intégral sous la rubrique "Brevets d'invention".
Les deux fourches sont constituées par un grand bras cintré pivotant dans la douille de direction sur lequel est articulée la fourche horizontale oscillante qui reçoit la roue poussée. Près du logement de la roue est articulé un fer plat cintré formant une fourche qui porte au sommet une tige dont le mouvement ascendant compresse moyennant un piston deux ou trois ressorts à boudin qui sont logés dans un cylindre fixé devant le tube de direction. Le piston sert de palier pour les ressorts et assure à la fois le guidage de la tige dans le cylindre. Sur la fourche Stimula, il y a en plus une bague de guidage (S) garnie de cuir qui glisse le long du cylindre. Le progrès qui représente la fourche Stimula par rapport à la version originale de la fourche Truffault est palpable surtout dans une meilleure stabilité latérale à cause de la réduction des articulations – il y en a seulement deux – et leur montage sur cônes. Le fait que le cylindre qui héberge les ressorts est solidaire du grand bras cintré, et non pas fixé par serrage au tube de direction donne également plus de rigidité à la fourche Saclier.
La suspension arrière Stimula
Sous la rubrique "La suspension" nous avons donné une brève description de la suspension arrière Stimula pour motocyclettes et tricars que nous complétons ici en ajoutant le brevet ainsi que des photos issues du catalogue 1906 aimablement prêté par Jean-Luc Lamouroux. Ces photos montrent clairement la construction et la fonction, même si les trois ressorts à boudin sont cachés dans le tube de la fourche supérieure qui relie la partie arrière de la fourche inférieure au sommet du tube de selle.
Le lecteur trouvera le texte intégral du brevet sous la rubrique "Brevets d'invention".
Les orifices de la fourche inférieure sont reliés à une petite extension dans la masse du tube de selle formant apparemment une douille. Un axe (boulon) passe aussi par les orifices de la fourche de sorte que la fourche pivote librement grâce à cette "charnière". Les chocs de la route sont amortis par trois ressorts à boudin concentriques qui se trouvent à l'intérieur des tubes coulissants constituant la partie supérieure de la fourche supérieure. Le mouvement de la fourche et de la roue n'affecte pas la tension de la courroie de transmission.
Deuxième Étape: Saint-Chamond
Usine De La Chapelle
18 rue du Champ-du-Geai à St-Chamond
Voiture Stimula, 1912. Composition d' Auguste François Marie Gorguet (1862-1927)
Magasin automobiles Stimula à Paris, 91 bis, avenue des Ternes à l'angle de 9, rue Waldeck-Rousseau. 1912 ou 1913.
Le 8 mai 1907 a lieu la formation de la société en commandite "De La Chapelle frères et Cie", construction de moteurs et de voitures automobiles, 18 Champ-du-Geai à St-Chamond. La durée de la société est limitée à 12 ans ; le capital est de 100.000 F. Les gérants sont Guy et Carl de La Chapelle ainsi qu'Augustin-Marie Neyrand, propriétaire, demeurant à la Rive (commune de Saint-Julien-en-Jarez près de St-Chamond) et un commanditaire. L'acte de formation a été déposé le 29 mars 1907 à St-Étienne. Le siège social et le magasin restent encore au 3, bd du Montparnasse, à Paris, mais en 1911, le siège social est transféré au 58, rue de Londres, Paris et les magasins de vente et d'exposition se trouvent à partir de juin 1912 au 91 bis, avenue des Ternes à l'angle de 9, rue Waldeck-Rousseau.
Saint-Chamond, les usines Stimula pour fabriquer des automobiles en 1910.
L'arrière des bâtiments, au bord de la rivière Janon.
La fabrication des automobiles se fait dans l'ancienne usine d'Augustin Neyrand, située au 18 et 20, rue du Champ-du-Geai à Saint-Chamond.
L' usine vue depuis la rive du Janon. À droite se trouve la forge.
Guy de La Chapelle à l'usine à Saint-Chamond. Il se trouve devant l'un des deux grands halls de production qui ont été
construits après 1907 à l'endroit où se trouvait auparavant un jardin. Un bâtiment plus petit a été aussi ajouté.
Les moyens financiers de la famille Neyrand ainsi que le fait que cette usine était beaucoup plus vaste que celle de Puteaux ont fait probablement pencher définitivement la balance en faveur de la production de voitures automobiles. Mais à part cela, c’était aussi un bon choix pour des raisons économiques, parce que Saint-Chamond, situé à 12 kilomètres de Saint-Étienne, était dès 1854, année de la fondation de la Compagnie des hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des chemins de Fer, un centre de sidérurgie.
L'un des deux nouveaux halls, la cheminée et la rive opposée de la rivière.
Les ateliers et magasins en 1911 :
Carte de visite de Gonzague de La Chapelle
En-tête d'une lettre de Gonzague avec le logo DLC - De La Chapelle, modifié par un cadre
en forme de "G" et avec réclame pour la "Wagonette".
L'immeuble de la rue Waldeck-Rousseau appartenait apparemment à Gonzague, car en 1921 il cède à James Sinstadt, agent des valves Schrader, le droit à sous-louer le magasin. À cette date, Carl de La Chapelle avait visiblement déjà abandonné cette succursale.
Guy (au volant) et Carl de La Chapelle vers 1912
Stimula fabriquait d'abord des voiturettes à moteurs monocylindres de 8 et 10 HP. La gamme s'élargit successivement à partir de 1910 avec des voitures à quatre cylindres de 12/16 HP et 16/20 HP ainsi que des voitures de livraison et même des camions et autobus sur châssis 16/20 HP. (Voir le paragraphe consacré aux voitures Stimula).
Pendant la guerre de 1914 – 1918, Carl de La Chapelle, atteint déjà depuis un certain temps d'une "bacillose pulmonaire" (tuberculose), était victime d'une attaque au gas et souffrait de graves lésions pulmonaires bilatérales. Ayant une invalidité de 100 %, il perçoit par arrêté ministériel du 22 mars 1922 une pension de 2400 F avec jouissance du 18 août 1918 (selon l'acte de recrutement).
Son mauvais état de santé a probablement donné lieu à la dissolution de la société De La Chapelle et Cie le 20 décembre 1922. Le liquidateur était Augustin Neyrand.
Stimula – de La Chapelle frères et Cie – de La Chapelle & Cie
Quelques données techniques, selon la liste des concurrents : alésage x course 100 x 120 mm (soit 942,48 cm³); poids 674 kg; magnéto Simms-Bosch.
Guy (au volant) et Carl de La Chapelle présentent la voiturette numéro 19 qui a participé à la Coupe des Voiturettes.
Cette voiturette se trouve aujourd'hui dans la collection de Gérard Colin. Les photos ci-dessus ont été prises en 2016,
aux Classic Days sur le circuit de Nevers Magny-Cours.
Les pilotes Mousset (au volant) et Claudius Rivière sur la voiture de course Stimula en 1908
Les voitures Stimula ont participé avec un succès variable à de nombreuses courses, notamment en 1907 et 1908. L'un des pilotes les plus performants fut Mousset. En 1908, il a notamment remporté le Meeting de Salon en septembre, la course de côte du "Lyon-Sport" en avril, la course de l'A.C.F., la course de l'Auto Club Bourguignon et d'autres.
Voiturette 8 HP:
Deux carrosseries étaient disponibles de série :
— une carrosserie à deux places sans portes, avec en supplément (160 F) une capote en toile, avec trois cerceaux et
— une carrosserie type coupé conduite intérieure.
8 HP deux places, 1910
Jean-Guy de La Chapelle au volant de la voiturette Stimula 8 HP, châssis Nº 173 en possession de la famille de La Chapelle. Notez le nom “Société des Voiturettes Stimula” sur la plaque du constructeur .
Ci-dessous le moteur de cette voiturette.
Coupé conduite intérieure, forme berline, 8 HP, 1910
Freins à tambour et segments extensibles sur le différentiel et sur les roues arrière.
Carrossée de série en phaëton avec entrées latérales, en coupé conduit intérieur et en landaulet 4 places type fiacre. De plus, il y avait trois carrosseries différentes disponibles pour transformer le châssis 10 HP en voiture de livraison, voir plus loin, “voitures de livraison”.
Le moteur 12/16 HP (80 x 110 mm) à 4 cylindres jumelés, avec embrayage à cône cuir.
Les cylindres sont jumelés (par paires), c’est-à-dire deux monoblocs de deux cylindres sont accouplés de façon à ne former qu’un seul bloc moteur. Les soupapes latérales sont placées dans une culasse en T à flux transversal et actionnées par deux arbres à cames disposés de chaque côté de la rangée des cylindres, tout comme sur le moteur 20 CV Automoto (1904) que nous montrons seulement en titre d’exemple (ci-contre).
Le carter inférieur du moteur est fait en deux parties qui se séparent dans le plan du joint vertical.
Voiture 12/16 HP, 1910
à moteur 4 cylindres spécialement réglé, alésage x course 75 x 120 mm, soit 2120,58 cm³. En série équipée avec carrosserie deux places, baquet, tôlerie course à l’avant, porte du côté, montoir, coffre à l’arrière, ailes et marchepieds wagon, changement de vitesse à 4 vitesses, double baladeur.
Voiture de Sport, 1910
Voiture de livraison transformable avec caisse démontable,
transformée en voiture deux places,
transformée en double Phaëton
8 HP conduite intérieure,1911
8 HP deux places, 1911
10 HP phaéton
10 HP phaéton à portes latérales
10 HP landaulet type fiacre
12/16 HP phaéton
12/16 HP phaéton
12/16 HP limousine
Voiture de sport 16/20 HP, 1911
Moteur monobloc de La Chapelle, 1912
Toutes les voiture(tte)s Stimula — de La Chapelle dès 1908/1909 utilisent la même suspension arrière à crosse (ressorts semi-elliptiques articulés dans leur partie arrière sur des ressorts demi-cantilever longitudinaux, voir chapitre "la suspension").
1913—1914
Notez que le nom de marque était encore "Stimula"
sur cette annonce datant du 5 juillet 1913.
Cette publicité datant du 10 février 1913 démontre que les puissances et d'autres caractéristiques des modèles 1912 restent les mêmes en 1913.
Stand de La Chapelle, marque Stimula le 25 mars 1913
à l'exposition automobile et agricole à Alger.
En juillet 1913 change la formule administrative pour le calcul de la puissance des moteurs. La revue Omnia du 5 juillet 1913 indique les puissances officielles d’après la nouvelle formule des Mines : “les puissances que nous indiquons ci-dessous sont celles obtenues par les constructeurs, à la suite de leurs démarches auprès du Service des Mines. Ce sont donc désormais les puissances officielles des types énumérés”. Grâce à la liste publiée par Omnia, nous connaissons les dimensions des six différents types de moteurs à quatre cylindres fabriqués par Stimula en 1913 (les puissances selon la formule des Mines antérieure sont indiquées entre parenthèses) :
Chapitre créé le 12 avril 2021 — Le contenu du chapitre a été fortement enrichi le 20 août 2022